13 juillet 2012

Du XVIe au XVIIème siècle

De la soumission espagnole aux Provinces Unies

Guillaume le Taciturne, de Naussau
En 1555, Charles Quint abdique et son empire se retrouve divisé en deux parties. Les Pays-Bas sont légués à son fils Philippe II d'Espagne. Outre la défense des frontières, l'objectif de ce dernier sera le rétablissement du catholicisme et de la répression des mouvements réformés. Il place en 1559 sa soeur Marguerite de Parme comme régente à la tête des Pays-Bas espagnols. Peu à peu, une résistance s'organise et Philippe II finit par instaurer l'inquisition. Dans les années qui suivirent, une forte rébellion s'éleva, suivit d'une répression violente. 



En 1568Guillaume le Taciturne prend les armes contre Philippe II et marque le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans contre l'Espagne. Guillaume, de son vrai nom de Naussau, avait hérité de terres aux Pays-Bas, en Bourgogne ainsi que la principauté souveraine d'Orange, en France. Dix ans auparavant, Guillaume II l'avait nommé Stadhouder (titre équivalent à gouverneur général) d'Holland, de Zeeland et d'Utrecht, mais Guillaume avait toujours été opposé à la politique religieuse du roi d'Espagne. Il finit par démissionner et prendre part à la révolte.


En 1579, le royaume d'Espagne continue d’assaillir le pays, réclamant les provinces du sud (actuelle Belgique). Les provinces protestantes du Nord quand à elles, forment une alliance par l'Union d'Utrecht


En 1581, la création de la République des Provinces Unies est officialisée, fédérant 7 provinces, avec à leur tête, Guillaume de Naussau. C'est son fils qui lui succédera après son assassinat à Delft. 


Les Pays-Bas colonisateurs 

Au XVIe siècle, le Portugal et l'Espagne deviennent, grâce au colonialisme, les premières puissances européennes et des puissances mondiales. Dès 1580, les Néerlandais lanceront des raids sur le Brésil, ce qui leur permettra d'acquérir d'immenses plantations de canne à sucre. Les Hollandais et les Zélandais sont de redoutables corsaires et arriveront maintes fois à détourner des marchandises de navires d´autre nations européennes.


les Pays-Bas vont entrer dans la période du « Gouden Eeuw », Siècle d'Or caractérisé par la prospérité économique et culturelle ainsi que par la fierté des Hollandais défiant les monarchies voisines (France et Angleterre notamment).

En 1608, les Néerlandais forment des sociétés par actions (dont la Compagnie des Indes orientales et la Compagnie des Indes occidentales) qui se lancent dans le commerce des épices, thé, café, mais aussi dans la traite négrière.
Aux Amériques, ils sont beaucoup moins présents et n'assureront au total qu'à peine 4% de la traite négrière dans l'ensemble de l'histoire de l'esclavage. Dès 1619, les Néerlandais fondent à Java le comptoir de Batavia et supplantent les Portugais dans le commerce des épices, s'assurant le monopole.

En 1626, le navigateur Pierre Minuit achète l'île de Manhattan à des Indiens pour la valeur de 60 florins en colifichets et verroteries. Pendant une quarantaine d'année, les Néerlandais coloniseront la région comprise entre les fleuves Delaware et le Connecticut, la Nouvelle-Néerlande. À la suite de la Seconde Guerre anglo-néerlandaise, les Anglais obtiennent la colonie nord-américaine néerlandaise alors peuplée de 7 000 à 10 000 colons, contre le Suriname anglais. Cet échange permet aux Néerlandais d'expulser une de leurs nation rivale alors juchée sur la Côte sauvage sud-américaine.

En 1652, en Afrique du Sud, les explorateurs néerlandais trouvèrent commode d'installer un comptoir permanent pour y faire escale lors des retours en provenance des Indes Orientales, et c'est ainsi que Le Cap fut fondé. La côte sud-africaine fut rebaptisée par la suite : Windhoek (« le coin venteux ») en Namibie, Franshoek ("le coin des Français") ou Vereniging ("réunion") en Afrique du Sud, pôles majeurs du futur État du Transvaal où les Boers ("fermiers") séjourneront et établiront les bases raciales de l'apartheid.

Le commerce des épices dans l'Empire des Indes se révèle lucratif, à tel point que la Compagnie néerlandaise des Indes orientales devient une menace pour le royaume, dont elle rachète allègrement les colonies (Aruba) afin d'étendre ses compétences. À la tête de cette compagnie, les "Messieurs Douze", véritables gouverneurs dont le pouvoir politique est immense. En 1625 est fondée la Compagnie Néerlandaise des Indes Occidentales, spécialisée dans le commerce des fourrures venues d'Amérique du Nord notamment. L'essor colonial favorise la création de manufactures, raffineries de sucre. On fabrique tissu, armes, verre pour l'échanger contre des esclaves. L'action des Néerlandais aura ruiné le Portugal, qui pour se protéger aura fait appel à l'Angleterre. En contre-partie les Anglais obtiendront des monopoles commerciaux avec le Portugal et le Brésil. Le Brésil fera désormais partie de l´empire invisible britannique.

L'Empire des Indes évolue lui aussi : la ville de Batavia (actuellement Jakarta) est bâtie à l'image d'Amsterdam, (canaux, pignons de style hollandais), de même pour Bandoeng (en français Bandung). Au XVIIe siècle, les navires hollandais sont les mieux armés du monde, en partie grâce au succès de la Compagnie des Indes.

Mappemonde de Frederik de Wit, 1662
Pendant ce temps là, Amsterdam devient un haut lieu de culture et de recherche scientifique, ce qui est permis notamment par la grande liberté de mœurs propre aux Hollandais et à leur héritage calviniste. Les scientifiques européens viennent à Amsterdam pour pouvoir y étudier les sciences de l'anatomie, que Descartes viendra étudier en 1625 entre autres. Descartes, qui a vécu en plusieurs endroits aux Pays-Bas, a essayé de faire accepter sa philosophie aux universités des Pays-Bas, mais il a rencontré une résistance farouche du côté des théologiens hollandais. 

De nombreuses religions sont tolérées à Amsterdam qui rassemble aussi bien protestants (les Français viennent notamment s'y réfugier en 1685 après la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV) que catholiques, sectes (marranes, Juifs du secret). La puissante république dont l'économie ne semble limitée que par le manque de bras, est un réceptacle pour l'immigration juive, allemande, scandinave et des Pays-Bas espagnols. Dans ce contexte, les Néerlandais montrent une grande tolérance pour l'époque.

Les Provinces-Unies deviennent également le siège des artistes : Rubens, Rembrandt de Leiden, Vermeer de Delft qui vont s'imposer comme les grands maîtres de l'école hollandaise du XVIIe siècle, Van Goyen, Van Ostade, Willem Claeszoon Heda, les Van de Velde père et fils (scène de batailles marines),Frans Hals, Gerrit Berckheyde, Jan Steen, Van Ruysdael, Meindert Hobbema…

Le siècle d'Or des Pays-Bas s'est imposé comme la période charnière de l'histoire des Pays-Bas : siècle de prospérité tant économique et culturelle que militaire. Le modèle social hollandais qui n'a pourtant aucune prétention à s'exporter en Europe va cependant susciter la jalousie des États voisins, notamment la France de Louis XIV qui déclarera la guerre aux Provinces-Unies à la fin du XVIIe siècle (siège de Maastricht où périra d'Artagnan, capitaine des mousquetaires du Roi), scellant par là la fin de la période de gloire et de prospérité des Provinces-Unies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire